La très forte baisse de la mobilisation jeudi semble sonner le glas du mouvement de contestation de la réforme des retraites voulue par le gouvernement. Mais on peine à voir un quelconque vainqueur au bras de fer entre Nicolas Sarkozy et la rue.
Une double défaite politique
Même si la réforme passe, il ne faut pas croire que cela représente une victoire pour Nicolas Sarkozy. Alors qu’il comptait sur le soutien d’une majorité de Français ce printemps, une large majorité s’est révélée hostile au projet, à défaut de s’y opposer activement. Il faut dire que, contrairement à ce que soutient malhonnêtement le gouvernement, cette réforme ne résout en rien le problème de financement de notre régime de retraite pour les prochaines années.
Cet épisode a fait tomber la côte de popularité du président à des niveaux extrêmement faibles, avant même la gestion ratée de la pénurie d’essence. Les Français ont compris que ce projet était surtout une posture électoraliste. Les syndicats ne sortent pas grandis avec leurs évaluations fantaisistes du nombre de manifestants, démontées par des médias de gauche. Et l’opposition a fait preuve d’une mauvaise foi assez incroyable sur la pénibilité ou les carrières longues.
Une défaite pour la France
Il est d’ors et déjà acquis qu’une nouvelle réforme devra avoir lieu, sans doute peu de temps après la prochaine élection présidentielle puisque selon les optimistes prévisions du gouvernement, le régime ne sera équilibré qu’en 2018 et déficitaire avant comme après. Et comme ces hypothèses ne sont pas réalistes, il faudra forcément passer par une autre réforme pour pérenniser notre système actuel sous peu, même en l’absence d’une nouvelle crise économique.
Le gouvernement est passé à côté d’une réforme plus globale qui aurait pu consister en une révision en profondeur du mode de financement de la protection sociale, que ce soit à travers l’instauration d’une TVA sociale ou même d’une meilleure contribution des revenus du capital ou de la finance. Face au lent démantèlement des services publics à la Française, rien n’est véritablement fait, ce qui revient à une lente et progressive privatisation de la Sécurité Sociale.
Nicolas Sarkozy a voulu une confrontation sur les retraites pour montrer sa volonté réformatrice. Mais cette réforme a réussi l’exploit d’abaisser encore sa popularité sans rien résoudre et sans que l’opposition n’en sorte grandie !
Laurent Pinsolle
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